lundi 5 février 2007

Pour le cours du 10 février

Louis Aragon (extrait des Yeux d'Elsa, publié en 1942)
C

J'ai traversé les ponts de Cé
C'est là que tout a commencé

Une chanson des temps passés
Parle d'un chevalier blessé

D'une rose sur la chaussée
Et d'un corsage délacé

Du château d'un duc insensé
Et des cygnes dans les fossés

De la prairie où vient danser
Une éternelle fiancée

Et j'ai bu comme un lait glacé
Le long lai des gloires faussées

La Loire emporte mes pensées
Avec les voitures versées

Et les armes désamorcées
Et les larmes effacées

Ô ma France ô ma délaissée
J'ai traversé les ponts de Cé

Apollinaire (1880-1918).
Ce poème est intitulé Montparnasse publié pour la première fois en en décembre 1913. Il a ensuite été inséré dans le recueil Il y a, recueil posthume publié en 1925. D'après l'édition de la Pléiade, il aurait été écrit vers 1911-1912 à l'époque où Apollinaire passait beaucoup de ses dimanches à Garches chez Gabrielle Picabia.

Ô porte de l'hôtel avec deux plantes vertes
Vertes qui jamais
Ne porteront de fleurs
Où sont mes fruits? Où me planté-je?
Ô porte de l'hôtel un ange est devant toi
Distribuant des prospectus
On n'a jamais si bien défendu la vertu
Donnez-moi pour toujours une chambre à la semaine
Ange barbu vous êtes en réalité
Un poète lyrique d'Allemagne
Qui voulez connaître Paris
Vous connaissez de son pavé
Ces raies sur lesquelles il ne faut pas que l'on marche
Et vous rêvez
D'aller passer votre Dimanche à Garches
Il fait un peu lourd et vos cheveux sont longs
Ô bon petit poète un peu bête et trop blond
Vos yeux ressemblent tant à ces deux grands ballons
Qui s'en vont dans l'air pur
À l'aventure.

Traduction anglaise :
Oh hotel door, with your two green plants
which will never
bear any flowers,
say: Where are my fruits? Where am I planting myself?
Hotel door, an angel stands outside you
handing out leaflets
(virtue has never been so well defended!).
Give me in perpetuity a room at the weekly rate.
Oh bearded angel, you are really
a lyric poet from Germany
who wants to get acquainted with Paris.
You know that between its paving-stones
there are lines which one must not step on.
And you dream
of spending Sunday at a mansion out of town.
The weather is a bit oppressive and your hair is long;
oh good little poet, you're rather stupid and too blond.
Your eyes look so much like those two big balloons
floating off in the pure air
wherever chance takes them...

(Traduction trouvée sur http://www.recmusic.org/lieder/get_text.html?TextId=1889)

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