jeudi 22 mars 2007

Pour le 31 mars : Jacques Réda

Voici deux poèmes de Jacques Réda que j'ai pris sur un site canadien, extraits de L'Incorrigible (Gallimard, 1995) et sous-titré Poésies itinérantes et familières (1988-1992)

JANVIER

Ce que j'aime en hiver, c'est l'élan nu des branches
Contre un ciel sombre ou bien à peine lumineux
Où le jour assourdit encore ses nuances
En les mêlant de gris pâles, fuligineux,
Pour faire avec ce noir un saisissant contraste.
On imagine une écriture au sens secret
Dont l'encre indélébile imprime sur le chaste
Horizon le poème obscur de la forêt.
Mais ce n'est qu'une vieille image. Une autre encore,
De croire que la branche inerte, sans couleur,
Se dresse comme un bras de malheureux implore
Et se tord sous le vent pour dire sa douleur.
En vérité l'hiver est la saison parfaite
Où chaque branche emplit la forme exactement
D'une branche; rien d'autre. Et, fixe, elle projette
Sa présence accomplie entre le fond dormant
De l'espace et le flot sans rumeur des nuages.
Non: pas même un élan, ni la tranquillité;
Aucun enseignement caché, pas de présages -
Mais là, droite dans l'air qui semble inhabité,
Pur comme on l'est parfois d'espérance ou d'images.



Jacques Réda
photo : Frédéric Batier


LE CHARPENTIER

Ce poème s'écrit sous l'oeil d'un charpentier
Qui s'active au sommet de la maison voisine
Avec des bruits de clous, de brosse et de mortier.
Peut-être me voit-il (et la petite usine

Que font ma cigarette, un crayon, la moitié
D'une feuille où ma main hésitante dessine)
Comme un échantillon d'un étrange métier
Qu'on exerce immobile au fond de sa cuisine.

À chacun son domaine. Il faut dire pourtant
Que, du sien, mon travail n'est pas aussi distant
Qu'il peut le croire: lui, répare une toiture

Tuile à tuile, et moi mot à mot je me bâtis
Une de ces maisons légères d'écriture
Dont je sors volontiers, laissant là mes outils,

Pour aller respirer un peu dans la nature.

dimanche 18 mars 2007

En marge du 31 mars, trois poèmes d'Eugène Guillevic

Oui, l'eau coule et l'arbre attend.

Elle coule au creux de la terre,
Elle coule dans la chair de l'arbre.

Et l'arbre attend.

Terraquès. © éd. Gallimard
_____________________
Le ruisseau coule
Dans la terre fraîche.

Il sait
Comme les pierres sont dures.
Il connaît le goût
De la terre.

Terraquès © éd. Gallimard
_____________________
L'arbre,
on a beau le regarder,

On a beau vouloir:
On n'est pas pareil.

C'est plutôt dommage.

Les chansons d'Antonin Blond © éd. Gallimard

Guillevic, ou la tentation du haïku

Pour le 31 mars : Jacques Réda et Philippe Jaccottet

Philippe Jaccottet

« Sois tranquille, cela viendra ! »

Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches,
tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin
du poème, plus que le premier sera proche
de ta mort, qui ne s'arrête pas en chemin.

Ne crois pas qu'elle aille s'endormir sous des branches
ou reprendre souffle pendant que tu écris.
Même quand tu bois à la bouche qui étanche
la pire soif, la douce bouche avec ses cris

doux, même quand tu serres avec force le noeud
de vos quatre bras pour être bien immobiles
dans la brûlante obscurité de vos cheveux,

elle vient, Dieu sait par quels détours, vers vous deux,
de très loin ou déjà tout près, mais sois tranquille,
elle vient : d'un à l'autre mot tu es plus vieux.

(L'Effraie, éditions Gallimard)

Ce sonnet est commenté par Jean-Michel Maulpoix sur son (beau) site.

Cocteau : "le poète est un médium"

Cocteau parle d'Apollinaire, de Picasso... sur une archive de l'INA (première partie, deuxième partie)

samedi 17 mars 2007

Rimbaud

Vous pouvez lire et écouter Le Dormeur du val de Rimbaud sur le blog de chuu-kyuu.
Ici

jeudi 15 mars 2007

Pour le 24 : Henri Michaux et Francis Ponge

L'animal mange-serrure

Dans les couloirs de l'hôtel, je le rencontrai qui se promenait avec un petit animal mange-serrure.
Il posait le petit animal sur son coude, alors l'animal était content et mangeait la serrure.
Puis il allait plus loin et l'animal était content et une autre serrure était mangée. Et ainsi de plusieurs et ainsi de quantité. L'homme se promenait comme quelqu'un dont le "chez soi" est devenu considérable. Dès qu'il poussait une porte une nouvelle vie commençait pour lui.
Mais le petit animal était si affamé de serrures que son maître devait bientôt ressortir à la recherche d'autres effractions, si bien qu'il trouvait peu de repos.
Je ne voulus pas faire alliance avec cet homme, je lui dis que moi ce que je préférais dans la vie, était de sortir. Il eut un grand regard blanc. Nous n'étions pas du même bord, voilà tout, sans quoi j'aurais fait alliance avec lui. Il me plaisait sans me convenir.

Extrait de Lointain intérieur, 1938

Henri Michaux, Sans titre , 1965
Mon Roi
Dans ma nuit, j'assiège mon Roi, je me lève progressivement et je lui tords le cou.
Il reprend des forces, je reviens sur lui, et lui tords le cou une fois de plus.
Je le secoue, et le secoue comme un vieux prunier, et sa couronne tremble sur sa tête.
Et pourtant, c'est mon Roi, je le sais et il le sait, et c'est bien sûr que je suis à son service.
Cependant dan sla nuit, la passion de mes mains l'étrangle sans répit. Point de lâcheté pourtant, j'arrive les mains nues et je serre son cou de Roi.
Et c'est mon Roi, que j'étrangle vainement depuis si longtemps dans les secret de ma petite chambre ; sa face d'abord bleuie, après peu de temps redevient naturelle, et sa tête se relève, chaque nuit, chaque nuit.
Dans le secret de ma petite chambre, je pète à la figure de mon Roi. Ensuite j'éclate de rire. Il essaie de montrer un front serein, et lavé de toute injure. Mais je lui pète sans discontinuer à la figure, sauf pour me retourner vers lui et éclater de rire à sa noble face, qui essaie de garder de la majesté.
C'est ainsi que je me conduis avec lui ; commencement sans fin de ma vie obscure.
Et maintenant je le renverse par terre, et m'assied sur sa figure. Son auguste figure disparaît ; mon pantalon rude aux tâches d'huile, et mon derrière -puisque enfin c'est son nom- se tiennent sans embarras sur cette face faite pour régner.
Et je ne me gêne pas, ah non, pour me tourner à gauche et à droite, quand il me plaît et plus même, sans m'occuper de ses yeux ou de son nez qui pourrait être dans le chemin. Je ne m'en vais qu'une fois lassé d'être assis.
Et si je me retourne, sa face imperturbable règne, toujours.
Je le gifle, je le gifle, je le mouche ensuite par dérision comme un enfant.
Cependant il est bien évident que c'est lui le Roi, et moi son sujet, son unique sujet.
A coup de pied dans le cul, je le chasse de ma chambre. je le couvre de déchets de cuisine et d'ordures. Je lui casse la vaisselle dans les jambes. Je lui bourre les oreille de basses et pertinentes injures, pour bien l'atteindre à la fois profondément et honteusement, de calomnies à la Napolitaine particulièrement crasseuses et circonstanciées, et dont le seul énoncé est une souillure dont on ne peut plus se défaire, habit ignoble fait sur mesure : le purin vraiment de l'existence.
Eh bien il me faut recommencer le lendemain.
Il est revenu ; il est là. Il est toujours là. Il ne peut pas déguerpir pour de bon. Il doit m'imposer sa maudite présence royale dans ma chambre déjà si petite. (...)

Extrait de La Nuit remue, 1935

Pour le 24 : Francis Ponge et Henri Michaux

Vous pouvez écouter le début de sa Radioscopie (émission de Jacques Chancel sur France Inter) et le début de son passage à Apostrophes à l'occasion de la sortie de son livre "Comment une figue de paroles et pourquoi".
Au cours de cette émission, Roger Planchon lit La Bougie.



LA BOUGIE

La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d’ombre.

Sa feuille d’or tient impassible au creux d’une colonnette d’albâtre par un pédoncule très noir.

Les papillons miteux l’assaillent de préférences à la lune trop haute, qui vaporise les bois. Mais brûlés aussitôt ou vannés dans la bagarre, tous frémissent aux bords d’une frénésie voisine de la stupeur.

Cependant la bougie, par le vacillement des clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées originales encourage le lecteur, - puis s’incline sur son assiette et se noie dans son aliment.
On discutera aussi de cet autre poème extrait du même recueil (Le Parti-pris des choses, 1942)
LE CAGEOT

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.
On discutera aussi de Comment une figue de paroles et pourquoi (1977)

Les paroles sont toutes faites et s'expriment : elles ne m'expriment point. C'est alors qu'enseigner l'art de résister aux paroles devient utile, l'art de ne dire que ce qu'on veut dire, l'art de les violenter et de les soumettre. Donnez tout au moins la parole à la minorité de vous-mêmes. Soyez poètes. ("Rhétorique", 1935, in "Le Parti pris des choses")

Raymond Queneau

Vous pouvez écouter et regarder Raymond Queneau dans une archive de l'INA (cliquez sur l'image ci-dessous)Il est interrogé par Pierre Dumayet dans l'émission Lecture pour tous, le 10 mars 1965 pour la sortie de son recueil de poèmes "Le Chien et la mandoline".
Au cours de l'interview, il dit Art Popo.



ART POPO

C'est mon po - c'est mon po - mon poème
Que je veux - que je veux - éditer
Ah je l'ai - ah je l'ai - ah je l'aime
Mon popo - mon popo - mon pommier

Oui mon po - oui mon po - mon poème
C'est à pro - à propos - d'un pommier
Car je l'ai - car je l'ai - car je l'aime
Mon popo - mon popo - mon pommier

Il donn'des - il donn'des - des poèmes
Mon popo - mon popo - mon pommier
C'est pour ça - c'est pour ça - que je l'aime
La popo - la popomme - au pommier

Je la sucre - et j'y mets - de la crème
Sur la po - la popomme - au pommier
Et ça vaut - ça vaut bien - le poème
Que je vais - que je vais - éditer

Pierre Dumayet lit aussi le début de "La chair chaude des mots"

La Chair chaude des mots

Prends ces mots dans tes mains et sens leurs pieds agiles
Et sens leur coeur qui bat comme celui du chien
Caresse donc leur poil pour qu'ils restent tranquilles
Mets-les sur tes genoux pour qu'ils ne disent rien

Une niche de sons devenus inutiles
Abrite des rongeurs l'ordre académicien
Rustiques on les dit mais les mots sont fragiles
Et leur mort bien souvent de trop s'essouffler vient

Alors on les dispose en de grands cimetières
Que les esprits fripons nomment des dictionnaires
Et les penseurs chagrins des alphadécédets

Mais à quoi bon pleurer sur des faits si primaires
Si simples éloquents connus élémentaires
Prends ces mots dans tes mains et vois comme ils sont faits


Biographie de R. Queneau

lundi 12 mars 2007

Cocteau : Le Sang d'un poète



dimanche 11 mars 2007

Peinture romantique, Nerval

M. Ito m'a envoyé une série de reproduction de peintures de l'époque romantique.
Vous pouvez les voir ici.

Voici d'autres adresses :
La peinture romantique

Une définition du Romantisme (Kenneth White, Préface au Voyage à l'île de Rügen sur les traces de Caspar David Friedrich)
"...l'être humain est conçu moins comme membre d'une société que comme habitant du cosmos. C'est pour cela que, dans les peintures de Caspar David Friedrich, la figure centrale a presque toujours le dos tourné : le face-à-face humain cède à une contemplation de la nature — du chaos, des éléments du vide."
Quelques peintres romantiques
Caspar David Friedrich
Géricault
Delacroix


Nerval et la peinture
D'après Théophile Gautier (site BNF), Nerval n'avait pas de goût particulier pour la peinture.

"[Nerval] était parmi nous, écrit Théophile Gautier, le seul lettré dans l'acception où se prenait ce mot au milieu du XVIII siècle. Il était plus subjectif qu'objectif, s'occupait plus de l'idée que de l'image, comprenait la nature un peu à la façon de Jean-Jacques Rousseau, dans ses rapports avec l'homme ; n'avait qu'un goût médiocre aux tableaux et aux statues [...]."

Un autre poème de Nerval où le soleil est associé au noir


Le point noir


Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l'air, une tache livide.
Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,

Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
Un point noir est resté dans mon regard avide.
Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
Partout, sur quelque endroit que s'arrête mon œil,

Je la vois se poser aussi, la tache noire ! -
Quoi, toujours ? Entre moi sans cesse et le bonheur !
Oh ! c'est que l'aigle seul - malheur à nous, malheur !
Contemple impunément le Soleil et la Gloire.



lundi 5 mars 2007

Écoutez

Deux sites où l'on peut écouter de la poésie, le plus souvent contemporaine, et des voix de poètes.

• Radio Marelle : par exemple le 18 janvier, Régis Jauffret


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Poésie sur parole sur France-Culture. Par exemple Lionel Ray le 4 mars.
Avec "L'Invention des bibliothèques : les poèmes de Laurent Barthélemy", Lionel Ray semble mener une expérience hétéronymique qui n'est pas sans rappeler Pessoa. Lui qui est né Robert Lhoro et a pris le pseudonyme de Lionel Ray en 1970, à l'occasion de la publication de poèmes présentés par Aragon dans Les Lettres Françaises, propose sous le masque d'un nouveau "double", Laurent Barthélemy, une relecture de ses propres poèmes écrits entre 1969 et 2004.
"En automne 2001, une revue, non des moindres, publia douze textes ou séries de textes d'écrivains plus ou moins notoires, qui se dissimulaient "sous pseudo". Invité à participer au jeu je choisis d'être un "autre", ni proche ni lointain, une présence neutre en quelque sorte, inscrite en voisin au miroir déformant de quelques pages." Ainsi est née l'aventure...
Deux poèmes lus par l'auteur, au cours de cette émission

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jeudi 1 mars 2007

Marie Laurencin, Horiguchi Daigaku

Monsieur Ito m'a appris que la NHK avait diffusé une émission sur Horiguchi Daigaku (1892-1981). Il a vécu en France. C'est lui qui a traduit en français Kokoro de Soseki Natsume.
Il a également traduit un poème de Marie Laurencin.
j'ai trouvé cette information sur le blog très instructif d'un enseignant et traducteur brésilien, The Pillow Blog. Si vous cliquez sur ce lien, vous verrez que le premier "post" s'intitule "Vois-tu, je sais que tu m'attends". Vous savez tous maintenant d'où viennent ces mots. Je donne souvent les premier vers de ce poème en dictée aux deuxième année, tout le monde écrit :
" Demain, des robes, alors où branchit la campagne,
Je partirai. Voiture, je sais que tu m'as tant" (!)
J'arrête de me moquer. Voici le poème original de Marie Laurencin et sa traduction par Horiguchi Daigaku.
LE CALMANT
Marie Laurencin

Plus qu'ennuyée
Triste.
Plus que triste
Malheureuse.
Plus que malheureuse
Souffrante.
Plus que souffrante
Abandonnée.
Plus qu'abandonnée
Seule au monde.
Plus que seule au monde
Exilée.
Plus qu'exilée
Morte.
Plus que morte
Oubliée.

La célèbre peinture de Marie Laurencin , que j'avais déjà reproduite...
... représente Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso, Fernande Olivier, Marie Laurencin et Fricka, le chien de Picasso (ou plutôt la chienne ? "Picasso's dog Fricka"). La toile a été achetée par Gertrude Stein. C'était la première vente de Marie Laurencin.
Je n'ai rien découvert sur Fricka, mais j'ai trouvé ce portrait de Fernande Olivier par Van Dongen (Musée de Montpellier).

samedi 17 février 2007

Sur "le Lac"

D'après WikipediaLe lac du Bourget, une gravure de 1864
Situation géographique


Le Chant du styrène, commentaire de Raymond Queneau pour le film commandé par Péchiney et réalisé par Alain Resnais (1957)

Ô temps, suspends ton bol, ô matière plastique
D'où viens-tu ? Qui es-tu ? Et qu'est-ce qui explique
Tes rares qualités ? De quoi donc es-tu fait ?
Quelle est ton origine ? En partant d'un objet
Retrouvons ses aïeux! Qu'à l'envers se déroule
Son histoire exemplaire. Voici d'abord, le moule.
Incluant la matrice, être mystérieux,
Il engendre le bol ou bien tout ce qu'on veut.
Mais le moule est lui-même inclus dans une presse
Qui injecte la pâte et conforme la pièce,
Ce qui présente donc le très grand avantage
D'avoir, l'objet fini sans autre façonnage.
Le moule coûte cher ! c'est un inconvénient.
Mais il peut resservir sur d'autres continents.
(suite ici)

jeudi 15 février 2007

Cocteau, Breton, Cendrars, Desnos

Vous pouvez écouter Jean Cocteau lire "Mauvaise Compagne" à cette adresse :
http://www.larevuedesressources.org/article.php3?id_article=534

Vous pouvez aussi écouter Blaise Cendrars lire Îles
et André Breton lire L'Union libre
Union libre

Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de
dernière grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
A la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant
Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d'allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares
Aux bras d'écume de mer et d'écluse
Et de mélange du blé et du moulin
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d'initiales
Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats qui boivent
Ma femme au cou d'orge imperlé
Ma femme à la gorge de Val d'or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif-argent
Au dos de lumière
A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc
De balance insensible
Ma femme aux fesses de grès et d'amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul
Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque
Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens
Ma femme au sexe de miroir
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu.


André Breton, Clair de terre (1931)

jeudi 8 février 2007

Pour le cours du 17 février

On abordera le Romantisme, avec Le Lac d'Alphonse de Lamartine.
Vous pouvez écouter le poème dit par Jacques Aumont ici.

Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

O lac! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence,
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

O temps, suspends ton vol! et vous, heures propices
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent,
Oubliez les heureux.

Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

Aimons donc, aimons donc! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons !

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi! passés pour jamais ? quoi! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus
?

Eternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

O lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !


Alphonse de LAMARTINE,
Méditations poétiques
(1820)

lundi 5 février 2007

Pour le cours du 10 février

Louis Aragon (extrait des Yeux d'Elsa, publié en 1942)
C

J'ai traversé les ponts de Cé
C'est là que tout a commencé

Une chanson des temps passés
Parle d'un chevalier blessé

D'une rose sur la chaussée
Et d'un corsage délacé

Du château d'un duc insensé
Et des cygnes dans les fossés

De la prairie où vient danser
Une éternelle fiancée

Et j'ai bu comme un lait glacé
Le long lai des gloires faussées

La Loire emporte mes pensées
Avec les voitures versées

Et les armes désamorcées
Et les larmes effacées

Ô ma France ô ma délaissée
J'ai traversé les ponts de Cé

Apollinaire (1880-1918).
Ce poème est intitulé Montparnasse publié pour la première fois en en décembre 1913. Il a ensuite été inséré dans le recueil Il y a, recueil posthume publié en 1925. D'après l'édition de la Pléiade, il aurait été écrit vers 1911-1912 à l'époque où Apollinaire passait beaucoup de ses dimanches à Garches chez Gabrielle Picabia.

Ô porte de l'hôtel avec deux plantes vertes
Vertes qui jamais
Ne porteront de fleurs
Où sont mes fruits? Où me planté-je?
Ô porte de l'hôtel un ange est devant toi
Distribuant des prospectus
On n'a jamais si bien défendu la vertu
Donnez-moi pour toujours une chambre à la semaine
Ange barbu vous êtes en réalité
Un poète lyrique d'Allemagne
Qui voulez connaître Paris
Vous connaissez de son pavé
Ces raies sur lesquelles il ne faut pas que l'on marche
Et vous rêvez
D'aller passer votre Dimanche à Garches
Il fait un peu lourd et vos cheveux sont longs
Ô bon petit poète un peu bête et trop blond
Vos yeux ressemblent tant à ces deux grands ballons
Qui s'en vont dans l'air pur
À l'aventure.

Traduction anglaise :
Oh hotel door, with your two green plants
which will never
bear any flowers,
say: Where are my fruits? Where am I planting myself?
Hotel door, an angel stands outside you
handing out leaflets
(virtue has never been so well defended!).
Give me in perpetuity a room at the weekly rate.
Oh bearded angel, you are really
a lyric poet from Germany
who wants to get acquainted with Paris.
You know that between its paving-stones
there are lines which one must not step on.
And you dream
of spending Sunday at a mansion out of town.
The weather is a bit oppressive and your hair is long;
oh good little poet, you're rather stupid and too blond.
Your eyes look so much like those two big balloons
floating off in the pure air
wherever chance takes them...

(Traduction trouvée sur http://www.recmusic.org/lieder/get_text.html?TextId=1889)

dimanche 28 janvier 2007

Notes sur le cours du 27 janvier

Boileau : le mystère des dates
Boileau est mort en 1711. Les Satires portent, comme date sur la feuille que je vous ai donnée, 1668-1716.
Terminées après la mort de Boileau ? Serait-ce que, mort, il écrivait encore ?
Non : tout simplement, le recueil des Satires est composé de plusieurs "chapitres". Il a été publié en 1668 - Boileau avait 32 ans. La Satire XII a été composée à la fin de sa vie. Elle a été publiée clandestinement (sans autorisation du roi) après la mort de Boileau en 1711. Elle a été ensuite insérée, dans la première édition de ses oeuvres complète en 1716, à la fin des Satires. Elle est tout entière consacrée à l'équivoque.
Vous pouvez acheter un exemplaire de l'édition originale de 1711 à cette adresse : http://www.livre-rare-book.com/Matieres/pd/7991.html
Elle vaut 580 euros (85 000 yens environ)

Équivoque. Nom et adjectif. Emprunt au bas latin tardif aequivocus qui signifie « à double sens ».
1648 « caractère de ce qui prête à des interprétations diverses » (PASCAL, Lettre à Jaqueline, 26 janv. ds LITTRÉ)

À suivre...

lundi 22 janvier 2007

Notes sur le cours du 20 janvier

Le sonnet

Deux quatrains (2 fois 4 vers) et un sizain (6 vers) souvent disposé sous la formes de deux tercets (2 fois 3 vers).

Les rimes des quatrains sont soit croisées (ABAB), soit embrassées (ABBA) soit plates (AABB).
Les rimes des deux quatrains sont les mêmes (mais il existe des exceptions à cette règle).
Les rimes des deux tercets sont, en France, souvent celles-ci : CCDEDE.

L'origine du sonnet est italienne (XIII-XIVe siècles). Pétrarque a été un modèle pour les poètes de la Renaissance française.

Jusqu'au XIXe siècle, l'alternance de rimes masculines et féminines devait être respectée.
______________
Le sonnet à Marie est composé de décasyllabes (10 pieds).
Ex. : Je /vous /en /voie / un / bou /quet / que / ma / main
(Le rythme de ce vers est 4 /3 /3)

Celui à Hélène est composé d'alexandrins.
Quand /vous / se /rez / bien / vieille, /au /soir / à / la / chan /delle
(le rythme : 6 / 6 ou bien 6 / (2 + 4)
A la fin de l'hémistiche (=la moitié du vers), comme à la fin du vers, le "e" muet n'est pas prononcé de manière accentuée : pas vie-ille, mais vieille ; pas chan-del-le, mais chan-delle.

Sonnet à Marie (orthographe de l'époque)

JE vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs epanies:
Qui ne les eust à ce vespre cueillies,
Cheutes à terre elles fussent demain.

Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautez, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de temps seront toutes flaitries,
Et, comme fleurs, periront tout soudain.

Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame,
Las! le temps non, mais nous, nous en allons,
Et tost serons estendus sous la lame:

Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle:
Pour ce, aymez-moy, ce pendant qu'estes belle.

dimanche 14 janvier 2007

Notes sur le cours du 13 janvier

Les vers
• Les alexandrins, 12 syllabes (on dit : 12 pieds).
Alexandrin, parce qu'ils ont été employés dans le Roman d'Alexandre (XIIè siècle).
• Les chansons de geste étaient écrites en décasyllabes (déca = 10).
• Les vers de 8 pieds sont appelés octosyllabes.

Trois types de rimes
Croisées (abab), embrassées (abba), plates (aabb)

Décompte des syllabes
Donc / ce /se/ra/ par/ un/ clair/ jour/ d'é/té (10)
Le /grand /so/leil/, com/pli/ce/ de /ma/ joie, (10)
Fe/ra/, par/mi/ le/ sa/tin/ et/ la/ soie, (10)
Plus/ belle/ en/cor/ vo/tre/ chè/re/ beau/té ; (10)
Plus belle encor -> plu-bel-len-cor (4)
Les "e" muets de la fin des vers ne se prononcent pas comme une syllabe :
L'émotion du bonheur et l'attente -> L'é-mo-ti-on-du-bo-nheur-et-l'at-tente (10)

Alternance des rimes masculines et féminines
Doux / voiles / étoiles / époux
Les rimes dites féminines sont longues et les masculines brèves.

________________

Calligrammes : terme inventé par Apollinaire à partir de Calligraphie et de idéogramme.
• Écoutez la voix d'Apollinaire : un enregistrement de 1913.
Photo ci-contre.
La plupart de ses calligrammes datent de 1915.
Il est né à Rome en 1880.
Son principal recueil, Alcools, parait en avril 1913.
La Lou des Calligrammes s'appelle Louise de Coligny-Châtillon. Il l'a rencontrée le 27 septembre 1914 alors qu'il vient de s'engager dans l'Armée pour partir à la guerre.
Il rejoint son régiment le 2 janvier 1915. Il fait la rencontre d'une jeune fille, Madeleine Pagès dont il tombera amoureux. Relation épistolaire. Le 10 août, il demande sa main.
Il est blessé à la tempe le 17 mars 1916 et subit une trépanation.
Il meurt le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole six mois après son mariage avec Jacqueline Kolb. Picasso était le témoin de son mariage.
(Source : Édition de la Pléiade)_________________
Verlaine

Donc, ce sera... "Ce" est son mariage avec Mathilde Mauté. Ce poème est extrait du recueil La bonne chanson, publié en juin 1970, et composé exclusivement de poèmes envoyés à la jeune fille. Ces poèmes sont marqués par la simplicité et la fraîcheur : Mathilde a 16 ans.

J'ai noté en gras le fil minimum du poème. On pourrait, à la rigueur, enlever tout ce qui n'est pas en gras et le sens minimum subsisterait :

Donc, ce sera par un clair jour d'été ;
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encor votre chère beauté ;

Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'émotion du bonheur et l'attente ;

Et quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.

Une biographie de Verlaine
_________
Le 22 février 1944, Desnos est arrêté, interné au camp de Compiègne avant de faire partie d'un convoi pour l'Allemagne, le 27 avril. Il avait été prévenu de l'arrivée de la Gestapo, mais il n'a pas tenté de lui échapper, craignant que sa femme Youki soit arrêtée à sa place.
Il survit au régime des camps mais il meurt le 8 juin 1945.
Voici un de ses poèmes les plus célèbres :

J'ai tant rêvé de toi


J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos, À la Mystérieuse, in "Corps et biens" (1930)

Un lien
_______________
Ô
Les Ô sont innombrables dans la poésie. Quelques exemples :

• Un poème de Rimbaud (Derniers Vers)
Arthur Rimbaud 1854-1891
• Le poème que je vous ai cité en cours :
Le Cor d'Alfred de Vigny

Le Cor

J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l'ombre, à minuit, demeuré,
J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques

Ô montagnes d'azur ! Ô pays adoré !
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
Cascades qui tombez des neiges entraînées,
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;

Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons !
C'est là qu'il faut s'asseoir, c'est là qu'il faut entendre
les airs lointains d'un Cor mélancolique et tendre.

Souvent un voyageur, lorsque l'air est sans bruit,
De cette voix d'airain fait retentir la nuit ;
A ses chants cadencés, autour de lui se mêle
L'harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend, immobile, au sommet du rocher,
Et la cascade unit, dans une chute immense,
Son éternelle plainte au chant de la romance

Âmes des chevaliers, revenez-vous encor ?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du corps
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée !

Alfred de Vigny (1797-1863)

Un beau site, complet, sur Vigny : ici

lundi 27 novembre 2006

Premier cours

APOLLINAIRE



MAX JACOB


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VOLTAIRE


L'autre jour au fond d'un vallon,
Un serpent piqua Jean Fréron ;
Que croyez-vous qu'il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.

この前谷底で
ヘビがジャン-フレロンを噛んだ。
みなさんは何が起こったと思いますか?
くたばったのはヘビの方だった。
(Traduction de Manami Ta.)


VERLAINE

Donc, ce sera par un clair jour d'été


Donc, ce sera par un clair jour d'été ;
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encor votre chère beauté ;

Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'émotion du bonheur et l'attente ;

Et quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.


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